40 ans d’espace Schengen – une réussite sous pression ? 

13 juin 2025

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Il y a 40 ans, le 14 juin 1985, cinq pays – l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas – signaient à Schengen, au Luxembourg, un accord historique pour abolir les frontières entre eux et faciliter la libre circulation des personnes et des biens en Europe. 

Entré en vigueur le 26 mars 1995, l’espace Schengen a été intégré dans le droit de l’Union européenne par le traité d’Amsterdam, signé le 2 octobre 1997.

Aujourd’hui, cet espace permet à plus de 450 millions d’Européens de voyager librement sur une grande partie du continent européen. 

Quarante ans après, revenons sur son histoire, ses réussites et ses défis.

De 5 à 29 : l’histoire de l’élargissement de l’espace Schengen

Depuis 1985, l’espace Schengen a connu une expansion constante. Initialement composé de cinq pays, il compte désormais 29 membres. Cette extension s’est faite progressivement, à mesure que chaque nouveau pays satisfaisait aux critères nécessaires, notamment en ce qui concerne la gestion des frontières extérieures, l’utilisation des systèmes d’information européens et la coopération policière. Les derniers pays à avoir rejoint la zone Schengen sont la Bulgarie et la Roumanie, qui ont été intégrées le 1er janvier 2025, après l’adhésion de la Croatie en 2023. 

Parmi les 29 États membres, 25 appartiennent à l’Union européenne. Les quatre autres, à savoir l’Islande (depuis 1999), la Norvège (1999), la Suisse (2008) et le Liechtenstein (2011), sont considérés comme des pays « associés ». Ce statut leur permet de participer à la mise en œuvre et à la coopération Schengen, bien qu’ils ne disposent pas de droit de vote lors des prises de décision.

À l’inverse, deux pays membres de l’UE ne font pas partie de l’espace Schengen : l’Irlande et Chypre.
L’Irlande refuse d’y adhérer en raison de sa frontière terrestre avec le Royaume-Uni. Une entrée dans Schengen impliquerait l’instauration d’une frontière physique avec l’Irlande du Nord, ce qui pourrait menacer l’équilibre de paix sur l’île.

En ce qui concerne Chypre, son adhésion est envisagée à long terme. Cependant, la division de l’île – dont la partie nord est sous contrôle turc – constitue un frein majeur. Cette zone n’étant pas reconnue par l’UE, Bruxelles n’a pour l’instant donné aucune indication claire sur une éventuelle date d’adhésion.

Schengen et nous : une liberté devenue évidence

Depuis sa mise en place, Schengen a profondément changé notre quotidien : voyager, travailler ou faire ses achats au-delà des frontières est devenu une habitude, à tel point qu’un retour en arrière paraît aujourd’hui inconcevable.
Au-delà de la liberté de circulation, Schengen a aussi un impact économique important. En facilitant les échanges, la mobilité des travailleurs et le tourisme, il renforce la compétitivité du marché intérieur européen.

En 2024, l’espace Schengen est même devenu la première destination touristique au monde, avec plus de 500 millions de visiteurs.

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Les limites d’un espace sans frontières

En contrepartie de la suppression des frontières intérieures, l’Union européenne a dû renforcer sa frontière extérieure, développer la coopération policière internationale et mettre en place une politique migratoire commune.
Cependant, malgré un accord sur cette gouvernance partagée, les intérêts nationaux tendent de plus en plus à freiner l’idéal de libre circulation.
Les questions de sécurité intérieure, d’accueil des réfugiés ou encore les crises sanitaires viennent régulièrement remettre en cause ce principe fondamental de l’espace Schengen.

Ainsi, les États membres ont de plus en plus la possibilité de rétablir temporairement des contrôles aux frontières, pour une durée initiale de six mois, renouvelable jusqu’à trois ans. Cette mesure, exceptionnelle et autorisée uniquement en cas de menace – comme ce fut le cas en France après les attentats de 2015 ou au niveau européen pendant la pandémie de Covid-19 – tend aujourd’hui à se banaliser.
Ces derniers mois, plusieurs pays de l’UE, dont l’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore le Danemark, ont réintroduit des contrôles. Bien souvent, ces décisions sont motivées par la volonté de limiter l’accueil des réfugiés, mais elles ont des conséquences durables : elles fragilisent l’esprit même de Schengen.

Dès lors, trouver un équilibre entre la liberté de circulation et la protection des intérêts nationaux reste l’un des grands défis pour assurer la pérennité de l’espace européen sans frontières.

Un bilan positif, malgré la fragilité du projet

Malgré les tensions, 40 ans après sa création, l’espace Schengen reste un pilier central de l’intégration et de l’unité européennes — un acquis qu’il est essentiel de préserver.

Sources : 

Toute l’Europe – L’Europe fête les 40 ans de l’accord de Schengen : entre acquis majeurs et nouveaux défis (consulté le 12/06/2025)

Parlement européen – Schengen : comprendre l’espace européen sans frontières (consulté le 12/06/2025)

Les Échos – L’espace Schengen fête ses 40 ans, parcouru de tensions entre ses membres (consulté le 12/06/2025)

SEAE – L’espace Schengen a 40 ans (consulté le 12/06/2025)

Bundeszentrale für politische Bildung – 50 ans de division de Chypre : un conflit sans fin (consulté le 12/06/2025)

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