Discours sur l’état de l’Union : « L’heure de la souveraineté européenne »

A quelques mois des élections européennes (mai 2019), Jean-Claude Juncker, a prononcé son discours sur l’état de l’Union ce mercredi 12 septembre à Strasbourg.

Devant le Parlement européen, réuni en séance plénière, le président de la Commission européenne a fait le bilan des 12 derniers mois et a présenté les grandes priorités de l’exécutif européen pour l’année à venir.

Nous vous en résumons les temps forts et les messages clé. 

Après avoir rappelé que les valeurs de paix et d’union,  qui sont à la base du pacte fondateur de l’UE, restent « une ardente exigence dont nous sommes responsables chez nous et autour de nous », le président a donné des chiffres montrant la reprise socio-économique de l’Europe des dernières années, y comprise la réussite de la Grèce après 8 ans de crise.  

Les Européens unis ont pu devenir une force incontournable capable d’établir des nomres et de faire face aux géants géopolitiques et économiques de la scène internationale actuelle. C’est pourquoi l’unité reste la seule voie possible pour obtenir des résultats concrets et des succès tangibles, comme c’est le cas de Galiléo, le système de géolocalisation par satellites développé par l’Union européenne. 

 

Et c’est en tant qu’Union européenne que nous devons assumer une responsabilité globale face à des défis (et des menaces), intérieurs et extérieurs, qui se multiplient jour après jour : le changement climatique, le conflit syrien, un voisinage avec les Balkans Occidentaux et la Russie, la numérisation mondiale, le terrorisme. D’où la nécessité, pour la Commission Juncker, de continuer à travailler pour une Europe de la défense et une Union de la sécurité pour que :

  • le Fonds européen de défense et la Coopération permanente structurée dans le domaine de la défense deviennent pleinement opérationnels
  • de nouvelles règles en matière de sécurité, de protection de nos démocraties de toute manipulation par des pays tiers, voire par des intérêts privés, soient applicables en Europe et au-délà. 

Au sujet de la question migratoire, le président incite les Etats membres à faire « le pas décisif indispensable pour élaborer des
solutions durables concernant une réforme équilibrée ». La Commission européenne, de son côté, propose :

  • renforcer le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes qui serait financé par le budget européen à hauteur de 10 000 € d’ici à 2020
  • renforcer le développement de l’Agence de l’Union européenne pour l’asile
  • accélérer le retour des migrants en situation irrégulière, afin de pouvoir assurer un accès légal vers l’Union.

Une nouvelle alliance entre Afrique et Union européenne

« La Commission propose aujourd’hui une nouvelle alliance (…) pour des investissements et des emplois durables », a déclaré Jean-Claude Juncker. Un nouveau partenariat économique de continent à continent « permettrait à créer jusqu’à 10 millions d’emplois en Afrique dans les cinq prochaines années », a-t-il souligné.

Juncker ferme sur le Brexit

« Le gouvernement britannique doit comprendre que quelqu’un qui quitte l’Union ne saurait avoir la même position privilégiée qu’un État membre. Si on quitte l’Union, on ne fait évidemment pas partie de notre marché unique et certainement pas de certaines de ses parties », a déclaré le président de l’exécutif européen. Le président de la Commission a également évoqué la frontière entre République d’Irlande et Irlande, « une frontière rendue plus visible par le Brexit ».

« Renforcer le rôle international de l’euro »

La Commission européenne va présenter « avant la fin de l’année des propositions pour renforcer le rôle international » de l’euro face au dollar, a annoncé son président Jean-Claude Juncker.

« L’euro doit devenir l’instrument actif de la nouvelle souveraineté européenne », a expliqué Jean-Claude Juncker, jugeant « aberrant » que le dollar reste majoritairement utilisé par les Européens pour leurs importations d’énergie.

Le président de la Commission s’est également prononcer pour renforcer la capacité de l’UE « à parler d’une seule voix en matière de politique étrangère ».

En effet, selon lui, l’exécutif européen devrait prendre les décisions de politique étrangère non plus à l’unanimité mais à la majorité qualifiée pour qu’elle puisse parler d’une seule voix et s’exprimer sur tous les sujets, ne pas être obligée de se taire, comme cela a été le cas par exemple sur les violations des droits de l’homme en Chine.

Le dernier mot est laissé à la liberté de presse et d’expression qui doivent absolument être garanties dans nos démocraties, ainsi qu’au respect de l’Etat de droit :

« La Commission s’oppose à toutes les atteintes à l’État de droit. Nous restons préoccupés par l’évolution des débats dans certains de nos Etats membres. L’article 7 doit s’appliquer là où l’État de droit est en danger. » 

Le discours sur l’état de l’Union, instauré par le Traité de Lisbonne, se tient chaque année depuis 2010 au mois de septembre. Ce grand rendez-vous marque la rentrée politique des institutions européennes.

Image à la une : © European Union , 2018   /  Source: EC – Audiovisual Service   /   Photo: Etienne Ansotte

 

Etat de l’Union 2018
L’heure de la souveraineté européenne
Version autorisée du discours sur l’Etat de l’Union