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L’UE se mobilise pour sauver son industrie automobile : un dialogue stratégique crucial

6 février 2025

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a lancé un dialogue stratégique sur l’avenir de l’industrie automobile et annoncé un plan d’action.
L’objectif de ce dialogue est de trouver une solution commune pour l’avenir du secteur automobile, tout en respectant les objectifs climatiques établis par le Pacte Vert lors de son premier mandat.

Ce dialogue réunit des représentants de l’industrie, des syndicats, de la Commission et des organisations environnementales. Sa particularité est que Von der Leyen en prend elle-même la direction, plutôt que de déléguer cette tâche au commissaire chargé des transports.
En agissant ainsi, elle souligne l’importance de ce dialogue et du secteur automobile, qui est crucial pour l’économie de l’UE : il génère 13 millions d’emplois et représente 7 % du PIB européen.

Des défis à relever

Ce dialogue intervient à un moment crucial pour l’industrie automobile, confrontée à plusieurs défis majeurs.

Les ventes de voitures sont en baisse et la concurrence s’intensifie face aux constructeurs chinois et américains, qui proposent des modèles électriques moins chers. Cela complique la vente des voitures électriques européennes, essentielles pour respecter les limites d’émissions de CO2 imposées.
De plus, les réglementations européennes se durcissent cette année avec une baisse de la limite d’émissions de CO2 pour les flottes de véhicules. Cette réglementation, inscrite dans le Pacte vert, impose une moyenne d’émissions pour les véhicules neufs. Les constructeurs comme Volkswagen et Renault, craignant de dépasser ces limites et de payer de lourdes amendes, demandent un assouplissement des sanctions.
En revanche, des constructeurs comme BMW et Peugeot, ayant déjà adapté leur production et investi dans l’électrification, s’opposent à toute modification des règles, car cela compromettrait la stabilité du marché et pénaliserait ceux ayant déjà entamé leur transition.

Le débat inclut également l’avenir des moteurs thermiques. Une partie de l’industrie, soutenue par le Parti populaire européen, souhaite repousser la fin des ventes de voitures thermiques au-delà de 2035 ou introduire des exceptions pour les véhicules utilisant des carburants synthétiques.

Enfin, l’incertitude géopolitique s’ajoute à ces défis, notamment avec la menace de nouvelles taxes douanières sur les voitures européennes avec le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Certains acteurs du secteur plaident pour une réduction des droits de douane de l’UE sur les voitures américaines pour maintenir l’accès au marché américain.

Malgré ces tensions, l’objectif de l’UE reste clair : accélérer la transition vers une mobilité durable. Sans réglementations strictes, les constructeurs européens risquent d’être distancés par leurs concurrents chinois et américains, déjà en avance dans l’électromobilité. Les mécanismes de sanctions visent à inciter les industriels à intensifier leurs efforts en matière de production et de vente de véhicules électriques pour combler leur retard.

Place aux voitures électriques ?

En matière de mobilité électrique, la Norvège peut servir de modèle. En 2024, près de 90 % des nouvelles immatriculations concernaient des voitures électriques, grâce à une politique incitative ambitieuse : suppression de la TVA sur ces véhicules et taxation renforcée des voitures thermiques. Dix-neuf pays membres de l’UE ont adopté des mesures similaires, mais ces dispositifs varient fortement d’un pays à l’autre.

L’infrastructure de recharge constitue un autre défi. Actuellement, un tiers des bornes de recharge européennes est concentré dans seulement trois pays de l’UE : l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Le dialogue stratégique pourrait permettre d’harmoniser ces politiques et de renforcer le déploiement des infrastructures à l’échelle européenne, facilitant ainsi l’adoption des véhicules électriques.

L’enjeu de ce dialogue est donc de concilier les objectifs climatiques et les impératifs économiques. Il s’agit d’assurer la compétitivité de l’industrie automobile européenne tout en accompagnant sa transition vers une mobilité durable, afin de préserver l’emploi et l’innovation.