Lorsque la première vague de la COVID-19 a touché les citoyens européens, des questions ont émergé sur le pouvoir de l’Union européenne (UE) en matière de santé.

A n’en pas douter, la crise sanitaire et le nouveau budget ont accéléré le développement de « l’Union de la santé ». Alors que la Commission Européenne vise un accès total à l’ensemble de l’UE pour les vaccins, est-ce que l’ensemble de l’Union, ainsi que les pays faisant partie du G20, pourront soutenir les pays en développement à l’égard de l’arrivé du vaccin ? 

L’Union compte de nombreuses agences qui sont autant de structures lui permettant de réunir des expertises opérationnelles autour d’un sujet et de le traiter, d’avancer.

Malgré cette diversité, l’Union européenne ne compte que deux uniques agences qui traitent de la santé : le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (aussi appelé l’OMS européen) et l’Agence européenne des médicaments. En effet, l’Union européenne dispose des pouvoirs limités dans le domaine de la santé et ne représente qu’une compétence d’appui, de coordination des politiques nationales, d’harmonisation et de l’amélioration des politiques engagées par les États membres. 

La crise sanitaire sans précédent a mis en lumière la nécessité de renforcer les capacités européennes dans le domaine de la santé ; aujourd’hui l’Union doit engager une évolution forte dans ce domaine 

L’ UE pour la santé

L’un des premiers pas pour faire face à la crise de la Covid-19 a menée à une réforme du domaine de la santé qui est présenté dans le nouveau budget de l’UE, signé il y a quelques semaines.

Ce nouveau budget, le budget sur la période 2021-2027 équivalent à 1 074 milliards €, a créé un nouveau programme : « L’UE pour la santé ». Dès sa création il a obtenu un total de 1,7 milliards d’euros, une augmentation notable par rapport au précédent budget (449,29 millions d’euros). Cependant, cette évolution ne comblera pas la faiblesse de l’UE en matière de santé immédiatement, mais elle indique un cap. Reste à savoir s’il est structurel ou s’il est conjoncturel. 

Le budget à long terme 2021-2027

La Présidente de la Commission Européenne (CE), Ursula von der Leyen, l’avait mentionné lors de son discours de l’État de l’Union en septembre 2020, « nous devons construire une Union de la santé plus forte, il est le temps de la faire ! ».

En moins de deux mois, la proposition de « l’Union européenne de la santé » a été présentée – le 11 novembre 2020 par la commissaire de l’Europe de la Santé, Stella Kyriakides –  et doit être soumise au vote du Parlement et approuvée par les États membres.

L’objectif principal réside dans la préparation européenne pour la protection des citoyens européens face aux futures crises sanitaires et pandémies. Pour réaliser cela, les deux agences existantes vont être renforcés, afin d’assurer une protection plus efficace aux citoyens européens.

Le nouveau cadre de l’Union européenne de la santé poursuivra des objectifs précis.  

La question des vaccins parmi les priorités

Plus fort ensemble ! 6 pays européens, dont la France, sont mandatés par les autres États membres pour négocier les prix des vaccins, pour toute l’Union Européenne. 

L’Europe a bien plus de poids dans cette négociation que chacun des Etats membres individuellement, voire même que les USA. 

Ainsi, la CE a-t-elle signé des accords pour précommander 6 vaccins différents pour l’ensemble de l’UE^[1], le plus récent a été signé le 24 novembre avec la société américaine Moderna. Ces vaccins sont dans l’attente d’une validation par l’Agence européenne des médicaments, agence qui vérifiera la sécurité et l’efficacité des vaccins avant de les autoriser. L’UE ne propose que des médicaments qui ont été autorisés par cette Agence européenne. 

La Commission est optimiste, et elle espère pouvoir distribuer les premiers vaccins entre la fin de 2020 et le début de 2021.

La santé en Europe et au-delà

Lors que le vaccin sera prêt et validé, comment va-t-il être administré en Europe et dans le reste du monde?

Au niveau européen, la Commission a financé le préachat de plusieurs millions de doses de vaccins. Une fois validées par l’Agence européenne des médicaments, les vaccins seront répartis entre chaque chaque État selon leur population. Cette stratégie européenne a été développé pour poursuivre une action collective et commune, face aux possibles compétitions entre les États membres… ce qui avait pu exister lorsque la « crise des masques » frappait tout l’Europe, par exemple.

Promouvoir une approche européenne permet ainsi d’assurer une commercialisation sans doute moins couteuse qu’aux États-Unis par exemple, de s’assurer être livrer rapidement et de manière équitable, dans l’ensemble de l’Union.  Une pandémie mondiale, pour être vaincue ne se traite pas au niveau national, mais bien évidemment supranational, ici donc au niveau européen, mais aussi au niveau mondial

Lors de la réunion du G20^[2], le Président français, Emmanuel Macron, a fait appel au vaccin comme un « bien public mondial ». Le Président Macron n’a pas été le seul à envisager le vaccin de cette manière. En effet, lors de l’exceptionnelle seconde réunion annuelle du G20 qui a eu lieu le weekend dernier, les pays les plus riches du monde se sont mis d’accord pour travailler ensemble pour réussir à assurer des vaccins à tous les pays d’une manière inclusive, sans ne laisser de pays de côté.

La pandémie qui a touché le globe a montré des faiblesses dans chaque pays, sur tous continents, mais comme toute crise elle comporte aussi son lot d’opportunités.

En Europe, et plus concrètement pour l’Union européenne, cette crise sanitaire a aussi pour conséquence un développement accéléré et plus ambitieux de l’Europe de la santé. Il était temps serait-on tenté de dire. L’arrivé de ce nouveau programme permettra à l’UE, d’être en mesure d’apporter des réponses plus efficaces et adaptées à l’échelle européenne dans le futur.

La réflexion présentée d’Emmanuel Macron sur la nécessité de travailler ensemble pour la réussite de la vaccination des populations au sein de l’UE, mais aussi dans les pays en développement, nous rappelle que la valeur solidarité définit l’UE. L’Europe pense monde plus que n’importe qui d’autre sur la planète.

C’est d’ailleurs l’Europe qui a le budget d’aide au développement le plus important et soutient le plus les pays et populations en difficulté. Pour autant, la question de savoir dans quelle mesure est-ce que l’Union européenne sera capable de respecter valeur de solidarité en interne et en externe au 27 se pose. Car la crise des masques avait – il y a 7 mois – faire prévaloir les égoïsmes nationaux aux intérêts communs.  

Le proche avenir nous le dira !

Ressources :

L’Europe de la Santé : Comment ça marche ? 30.10.2020, Gaillard. B, Lheureux. A Retrouvé sur Toute l’Europe

Builduing a European Heath Union : Stronger Crisis preparedness and response for Europe 11.11.2020, European Commission

A « European Health Union » is proposed to centralize pandemic response 11.11.2020, Pronczuk, M. Retrouvé sur The New York Times

L’Union européenne achète différents vaccins contre le COVID-19 10.11.2020 Euronews

10 points sur la doctrine Macron 16.11.2020, Le Grand Continent

Au fait, c’est quoi le G-20 ? 20.11.2020, Mustafa Douine, H. & Service Infographie. Retrouvé sur Le Figaro

El G-20 exige una vacuna asequible y universal 22.11.2020, El Periódico

L’Union européenne pourrait acheter les vaccins moins chers que les États-Unis 23.11.2020 Retrouvé sur FranceInfo

Vaccin contre le Covid-19 : l’Union européenne annonce un contrat avec Moderna 24.11.2020 Retrouvé sur Le Point.fr

Vaccin européen contre le COVID-19 : où en est-on ? 26.11.2020 Retrouvé sur Touteleurope.eu 

---

^[1] L’Union européenne a signé six contrats pour précommander des vaccins : AstraZeneca (400 millions des doses), Johnson&Johnson (400 millions), Sanofi-GSK (300 millions), Pfizer-BioNTech (300 millions) et CureVac (405 millions) et le plus récent, Moderna (160 millions).  

^[2] Le G-20 fut créé en 1999 avec l’objectif de travailler sur la stabilité financière. Le groupe est composé des 19 pays et de l’Union européenne. Ces pays représentent 85% du commerce mondial, les deux tiers de la population et plus de 90% des richesses de la planète. Le Figaro

Image à la une:
Photo by Hush Naidoo on Unsplash