Le point commun entre lézards des Pyrénées et l’Europe ? Le projet Ectopyr !

Découvrez ECTOPYR (Les ECTOthermes PYRénéens bio-indicateurs du changement climatique), le projet Interreg POCTEFA qui analyse les conséquences du changement climatique sur les animaux ectothermes des Pyrenées. Il est développé par Andorre, Espagne et France.


Une vraie histoire sur les Pyrénées

Il était une fois dans la chaîne des Pyrénées, des espèces de lézards et de serpents qui vivaient ensemble, bien adaptés qu’ils étaient à ce territoire beau et majestueux, depuis des centaines, voire des milliers d’années.

Malheureusement au cours du XXème le climat a commencé à changer. L’impact de la hausse des températures sur lézards et serpent endémiques s’est révélé dramatique. Leur reproduction est aujourd’hui menacée par la hausse des températures et désormais leur survie est en jeu. 

Cela pourrait être une fiction, c’est pourtant une  histoire vrai, celle du projet ECTOPYR et son analyse des animaux ectothermes face au changement climatique dans les Pyrénéens. 

Nous avons rencontré le coordinateur scientifique du projet ECTOPYR – Fabien Aubret – en ligne (il est actuellement en Australie, dans un projet qui travaille sur les serpents), et nous avons eu une discussion sur les défis administratifs de ce type des projets, ainsi que sur les résultats surprenants après 4 ans de travail. 


Comment réussir à avoir un financement européen de ce type ?

Selon M. Aubret, il est surtout important – même si cela paraît évident – d’avoir une bonne idéeEn tant que chercheur du CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), il avait déjà travaillé sur les animaux ectothermes des Pyrénées, sans connaitre l’existence du financement possible via le POCTEFA. 

C’est via l’un de ses futurs partenaires, BOMOSA à Andorre, qu’il a fait la connaissance de ce type de soutien. Un organisme espagnol, le CRARC en Catalogne, est venu compléter le consortium. L’étape la plus longue a été celle de l’écriture et du dépôt du projet, reconnait-il – un travail de coopération entre les partenaires, assez long et qui demande une certaine rigueur. 

Bonne nouvelle, la valorisation de cette collaboration transfrontalière dans le dossier constitue un plus pour le projet, nous indique M. Aubret. 


Des méthodes de travail exigeantes et différentes

Si M. Aubret et son équipe du CNRS étaient habitués à la recherche fondamentale comme à la rédaction d’articles scientifiques afin, ce qui est demandé par le POCTEFA et assez différent !

Bien évidemment,  les résultats finaux des projets sont très importants, mais le POCTEFA est davantage porté sur le développement socio-économique des Pyrénées et le changement climatique, ainsi que sur la sensibilisation du public à ces sujets que sur la recherche pure. Pour répondre à cela, une des axes d’ECTOPYR a consisté en la réalisation de documentaires courts sur le projet. 

Le consortium transfrontalier a ainsi développé 3 films, pour sensibiliser des publics différents :

Une bonne communication est indispensable à une sensibilisation efficace. C’est un des succès du projet ECTOPYR qui a permis la  sensibilisation de plus 300.000 personnes grâce aux films et aux articles produits au cours du projet. 


Mais au fait, ECTOPYR – C’est quoi ? 

Le projet ECTOPYR a débuté en 2016 et s’est achevé en 2020. Tout au long de ces années, le consortium a travaillé avec des animaux ectothermes (lézards et serpents) des Pyrénées, comme indicateurs du changement climatique. Un animal est ectotherme quand il ne produit pas de chaleur, et qu’il dépend donc de ce que le climat propose.

Pour développer le projet, il a été nécessaire de capturer des animaux, surtout les lézards, et analyser leur température corporelle sur site comme en laboratoire.

Les différentes données collectées ont été intégrées dans des modèles mathématiques pour estimer la hausse de la température et ses effets sur les animaux. 

On le craignait et le projet l’a démontré : le changement climatique produit des résultats inquiétants. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et les scénarios décrits par le RCP (Representative Concentration Pathway), peu importe si la hausse des températures est minimum, il y aura des conséquences irréparables et on ne pourra pas revenir en arrière. Dans les Pyrénées, des effets sont déjà visibles, ECTOPYR en confirme un nouveau, sur les espèces des lézards endémiques. 

Ces animaux, habitués à un type de climat avec une température appropriée, seront forcés de se déplacer vers les hauteurs, à la recherche d’un peu de fraicheur. Même si ses sommets titillent souvent les 3000, les Pyrénées ne sont pas infinies, les espaces vont se réduire et les lézards endémiques se verront dangereusement concurrencer par d’autres animaux avec qui ils n’étaient pas en relation jusqu’à présent. 


Les avantages de participer dans un projet de ce type, il y en a beaucoup !

D’après l’expérience de M. Aubret, même si le travail administratif est long et strict, les résultats sont excellents. Le travail est gratifiant. Travailler un projet POCTEFA lui a permis de rencontrer beaucoup des personnes au-delà des frontières et de produire des contenus de qualité qui participent à la prise de conscience citoyenne des impacts du changement climatique ici. 

Travailler ce premier projet lui a aussi ouvert de nouveaux horizons, de nouvelles opportunités.

C’est le cas avec le projet ADAPYR, un projet qui travaille la capitalisation des résultats obtenus via différents projet POCTEFA, afin de pérenniser les bio indicateurs des deux côtés de Pyrénées.

Le CNRS, où M. Aubret travaille, est parmi les partenaires de français de ce nouveau projet ! Poctefa un jour, Poctefa toujours ?

Image à la une:
Fabien Aubret dans le cadre du projet Ectopyr.