Discours sur l’état de l’Union : Ursula von der Leyen appelle à l’unité face aux crises

CC-BY-4.0 © European Union 2025– Source: European Parliament
Le Parlement européen attendait ses premiers mots avec impatience. Ursula von der Leyen a commencé ainsi : « L’Europe se bat. Elle se bat pour un continent intègre et en paix ».
Un moment clé pour l’Europe
Le mercredi 10 septembre, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a présenté son discours annuel sur l’état de l’Union (SOTEU – State of the European Union dans sa version en anglais). Il s’agissait déjà de son cinquième discours depuis sa prise de fonction en 2019.
Institué en 2010, ce rendez-vous est devenu l’un des moments clés de la vie politique européenne. Il offre l’occasion de dresser le bilan des actions menées au cours de l’année écoulée, tout en fixant les priorités stratégiques pour l’avenir de l’Union européenne.
Quels ont été les thèmes centraux mis en lumière cette année ? Lors de cette édition, Ursula von der Leyen a particulièrement mis en avant trois notions essentielles pour l’Europe dans un contexte international marqué par des crises multiples : la résilience, l’indépendance et le courage.
Soutien totale à l’Ukraine : les nouveautés
Le premier sujet central abordé a été la guerre en Ukraine. La présidente a réaffirmé que l’Union européenne poursuivrait tous ses efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit, tout en préparant un 19e paquet de sanctions contre la Russie. Tandis que Moscou fait face à de nouvelles restrictions, l’Ukraine continue de bénéficier d’un soutien total.
Parmi les annonces, Ursula von der Leyen a présenté le programme « Qualitative Military Edge » (Avantage militaire qualitatif) conçu pour moderniser les capacités de défense de l’Ukraine. Une attention particulière est portée aux drones, devenus une arme décisive. L’Union européenne prévoit de mobiliser son industrie, de débloquer rapidement 6 milliards d’euros de prêts et de mettre en place une « alliance des drones » avec Kiev.
La présidente a également rappelé le drame humain engendré par la guerre, évoquant les familles séparées et les enfants déportés. Selon les autorités ukrainiennes, environ 20 000 enfants seraient concernés. Un sommet de la coalition internationale sera organisé afin de garantir le retour de tous les enfants enlevés.
La catastrophe humanitaire à Gaza : quelle responsabilité pour l’Europe ?
La crise à Gaza a également occupé une place importante. Ursula von der Leyen a déclaré : « La famine causée par l’homme ne peut jamais servir d’arme de guerre. Pour le bien des enfants, pour le bien de l’humanité, cela doit cesser. » Elle a souligné la nécessité d’un engagement plus fort de l’Europe sur le terrain humanitaire.
Dans le même temps, elle a regretté que les États membres ne parviennent pas à trouver une majorité, rappelant qu’en l’absence de cet accord, la Commission ne peut pas suspendre certains financements du programme de recherche Horizon Europe auxquels participent des entités israéliennes.Malgré ces divisions, la Commission a pris plusieurs décisions :
- la suspension de l’aide bilatérale directe à l’État d’Israël ;
- le maintien du soutien à la société civile israélienne ainsi qu’au mémorial en hommage aux victimes juives de la Shoah, Yad Vashem ;
- la préparation de sanctions ciblées contre certains ministres extrémistes, ainsi que des colons en Cisjordanie ;
- une suspension partielle de l’accord d’association sur les questions commerciales.
Elle a également annoncé la création d’une plateforme internationale de donateurs pour la Palestine, destinée à financer la reconstruction de Gaza.
Enfin, elle a rappelé la situation des otages israéliens encore détenus par le Hamas, en exigeant leur libération immédiate et en appelant à un cessez-le-feu rapide.
La continuité du Green Deal
Ursula von der Leyen a réaffirmé son engagement en faveur du Green Deal, lancé en 2019, qui constitue la feuille de route de l’Union européenne pour lutter contre le changement climatique et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Son objectif est de concilier protection du climat, développement de technologies propres et compétitivité économique.
Fait notable, la présidente de la Commission a également évoqué l’énergie nucléaire, qui pourrait, aux côtés des énergies renouvelables, jouer un rôle clé comme source stable pour l’avenir énergétique de l’Europe.Pour renforcer son indépendance, l’Union européenne prévoit également de produire davantage de batteries sur son territoire, avec un investissement de 1,8 milliard d’euros.
Relations avec les États-Unis : un accord important !
La présidente est ensuite revenue sur l’accord commercial conclu le 27 juillet avec les États-Unis, qui a suscité de nombreuses critiques. Elle l’a qualifié de crucial, rappelant que les exportations européennes vers les États-Unis dépassent 500 milliards d’euros par an et garantissent des millions d’emplois.
Ursula von der Leyen a expliqué que la Commission avait conclu cet accord pour préserver l’accès des industries européennes à ce marché et obtenir les meilleures conditions possibles. Elle a souligné que cet accord offrait un avantage relatif aux entreprises de l’UE, certains concurrents étant soumis à des droits de douane beaucoup plus élevés. Même si le droit de douane de base de ces pays pouvait sembler inférieur, la présidente a précisé qu’en tenant compte des exceptions obtenues par l’UE et des surtaxes appliquées à d’autres pays, l’accord restait le plus favorable.
Par ailleurs, elle a plaidé pour le développement de nouveaux partenariats internationaux, afin de diversifier les échanges et de renforcer la sécurité économique de l’Europe.
Le numérique avance vite – l’Europe aussi ?
En investissant dans des usines européennes d’intelligence artificielle, l’Union européenne entend soutenir à la fois les start-ups et le développement de ses propres modèles d’IA de nouvelle génération. Ursula von der Leyen a souligné qu’une IA européenne était essentielle pour garantir l’indépendance future de l’Europe.
La présidente s’est également penchée sur les dangers des réseaux sociaux pour les enfants. Elle a insisté sur la nécessité de protéger les jeunes et de soutenir les parents face au harcèlement en ligne, aux algorithmes et aux risques d’addiction. Selon elle, ce sont les parents, et non les algorithmes, qui doivent éduquer les enfants.
Un groupe d’experts sera chargé d’élaborer d’ici la fin de l’année des propositions de restrictions d’âge pour encadrer l’usage des réseaux sociaux par les mineurs.
L’unité et la compétitivité comme moteurs
Face à un ordre mondial instable, Ursula von der Leyen a réaffirmé l’importance d’élargir l’Union européenne. L’Ukraine, la Moldavie et les Balkans occidentaux ont vocation à rejoindre l’UE, car une Union plus large et plus forte représente une garantie de sécurité pour tous.
Elle a annoncé la création d’un « Centre européen pour la résilience démocratique » et rappelé la nécessité d’un « Bouclier européen pour la démocratie », tout en appelant à rapprocher les futurs États membres via des investissements, le soutien aux réformes et l’intégration progressive au marché unique.
La compétitivité reste un enjeu majeur.
L’Union doit renforcer son autonomie économique et industrielle, doubler les budgets de recherche avec Horizon Europe et soutenir les start-ups via le fonds « Scale Up Europe ».
La Commission prévoit également de stimuler la production européenne avec le dispositif « Battery Booster » (1,8 milliard d’euros) et d’introduire un critère « Made in Europe » dans les marchés publics pour affirmer la primauté industrielle de l’UE.
Un discours tourné vers l’unité
Tout au long de son discours, Ursula von der Leyen a martelé le même message : l’Europe doit agir, et surtout agir ensemble. Qu’il s’agisse du soutien à l’Ukraine, de la paix à Gaza, du renforcement de la défense ou de la lutte contre le changement climatique, l’unité reste la clé :« La question centrale est simple : l’Europe a-t-elle les moyens de se battre, disposons-nous des compétences politiques pour atteindre un compromis ? »
Image à la une :
CC-BY-4.0 © European Union 2025– Source: European Parliament (flickr)
Sources :
Commission européenne – Discours sur l’état de l’Union 2025 de la Présidente von der Leyen (consulté le 12 septembre 2025)
Toute l’Europe – « Nous luttons pour notre avenir » : Ursula von der Leyen lance un avertissement et maintient son cap lors du discours sur l’état de l’Union 2025 (consulté le 12 septembre 2025)