Guerre en Ukraine : quel rôle à jouer pour l’Union européenne ?

Depuis plusieurs semaines, l’actualité européenne et internationale est chamboulée par la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Après signature de l’acte de reconnaissance des deux territoires séparatistes du Donbass, le président Vladimir Poutine a lancé une attaque militaire massive sur l’ensemble du territoire ukrainien.

L’Union européenne (UE) aussi a réagi à cette situation qui constitue une violation grave des droits humains et du droit international.

Garante et promotrice depuis sa construction des valeurs de paix et de dignité humaine dans ses territoires et pays membres, quel rôle a-t-elle à jouer face à une guerre la menaçant directement à ses frontières ?

Des sanctions et mesures historiques à l’égard de la Russie

Les relations entre UE et Russie sont tendues et compliquées depuis plusieurs années, avec l’invasion militaire lancée par Moscou, les Vingt-Sept ont durci le ton.

Dès le dimanche 27 février, la Commission européenne a annoncé des mesures historiques :

  • Le déblocage de 450 millions d’euros pour l’achat et la livraison d’armements à l’armée ukrainienne (en plus d’équipements de protection et de carburant pour une valeur de 50 millions d’euros) – une première dans l’histoire européenne ;
  • La fermeture de l’espace européen aux avions russes qui ne pourront plus atterrir sur le territoire de l’UE, ni décoller depuis celui-ci, ni le survoler – cela impliquant aussi les jets privés appartenant à des oligarques russes ;
  • L’interdiction aux médias détenus par l’État russe, ainsi qu’à leurs filiales, tout diffusion dans l’UE.

Des mesures avec des conséquences économiques ont également été mises en place :

  • réduction de l’accès de la Russie aux marchés européens des capitaux
  • interdiction de vente d’avions et d’équipements aux compagnies aériennes russes 
  • gel des avoirs de la Banque centrale russe hors de Russie.

Sans s’oublier, bien évidemment, le rôle de l’UE en termes d’accueil des réfugiés ukrainiens.

Depuis le 24 février, plus d’un million d’Ukrainiens ont fui les bombardements et les combats en se réfugiant dans les pays de l’UE limitrophes comme la Pologne, la Roumanie ou encore la Slovénie. Face à cette situation, l’Union a activé le mécanisme d’accueil temporaire.

Vers une adhésion de l’Ukraine à UE ?

Face à l’escalade des événements, Kiev a officiellement effectué une demande d’adhésion à l’UE le 28 février dernier, au cinquième jour de l’offensive russe.

Le sujet est délicat :

Les difficultés de fonctionnement d’une Europe déjà à 27 n’encouragent pas un nouvel élargissement – d’autant que Géorgie et Moldavie frappent aussi à la porte de l’Union Européenne et que les pays des Balkans occidentaux attendent une réponse à leur demande, depuis des années.

L’intégration à l’UE est un processus long, exigeant des négociations complexes, un rapprochement de la législation du pays candidat du droit européen et des critères à respecter : stabilité démocratique et politique, ainsi qu’une économie viable.

Dans cette procédure demandant le respect des critères de Copenhague, l’unanimité des 27 à l’intégration du pays candidat est obligatoire.

C’est pourquoi le chef d’État ukrainien et le Premier ministre Denys Chmyhal, ont appelé à une intégration “sans délai” via “une nouvelle procédure spéciale” pour bénéficier de ce statut qui assurerait une protection à son pays.

Si la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est prononcée en faveur de cette adhésion, le président du Conseil européen Charles Michel a quant à lui aussi rappelé que l’accord unanime des 27 sera nécessaire.

Le sommet de Versailles du 10 et 11 mars, pourrait-il apporter une réponse ?

Le sommet européen des 10 et 11 mars qui était prévu de longue date dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE a vu son ordre du jour s’adapter à la crise en cours.

Il est impossible de donner une réponse aussi rapidement que l’Ukraine le souhaite à cette demande, cependant, les chefs d’État et de gouvernement des 27 sont motivés à continuer à soutenir l’Ukraine (lors du Conseil Européen de Versailles, en cours au moment où ses lignes sont écrites, on parle de porter l’aide européenne pour l’achat d’arme à un milliard).

Ils ont aussi décidé d’aborder deux sujets qui devraient permettre, sur le long terme, de gagner en autonomie vis-à-vis de la Russie : l’énergie et la défense européenne.

En 2020, plus de 43 % du gaz importé dans l’UE provenait de Russie. Aujourd’hui, le doute pèse sur l’approvisionnement énergétique européen.

La Commission européenne a proposé une ébauche de plan visant à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030.

Elle propose par exemple d’accroître les volumes de production et d’importations de biométhane et d’hydrogène.

Ce plan exposerait également une série de mesures pour répondre à la hausse des prix de l’énergie en Europe et reconstituer les stocks de gaz pour l’hiver prochain.

Autre sujet stratégique pour les 27 : une autonomie en matière de défense militaire, sujet sur la table depuis le début de création de l’Union, sujet maintes fois abordé mais jamais développé.

Peut-être que la menace Poutine va enfin inciter l’UE à se doter d’une ambition pour une défense commune et autonome ?

Sources :

Toute l’Europe

L’Express – Pour ou contre : l’Ukraine doit-elle intégrer « sans délai » l’Union européenne ?