Agriculteurs européens en colère, causes et solutions proposées par la Commission

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Jeudi 1er février, un Conseil européen extraordinaire a eu lieu à Bruxelles.

Si les chefs d’États étaient censés parler de l’aide financière à renouveler pour l’Ukraine, les demandes des agriculteurs européens ont également concentré une grande partie des débats.

Environ 1200 tracteurs et agriculteurs venant de plusieurs pays européens se sont rendus à Bruxelles pour montrer leur mécontentement.


Pourquoi les agriculteurs européens sont-ils en colère ?

Les manifestations des agriculteurs français avaient déjà commencé à l’automne 2023 avec le mouvement #onmarchesurlatête avec lequel les agriculteurs demandaient de mettre les panneaux d’entrée et de sortie des communes françaises à l’envers afin de soutenir leur cause.

Les mobilisations des agriculteurs français ont continué pendant l’hiver, par exemple sous forme de blocages d’autoroutes.

Ces dernières semaines, les agriculteurs d’autres pays européens ont également manifesté, comme en Italie, Allemagne, Espagne ou encore en Roumanie

Plusieurs points de mécontentement parmi les agriculteurs européens sont les mêmes : 

  • l’augmentation du coût du carburant pour les tracteurs ;
  • la surcharge administrative pour les demandes de subventions qui sont cruciales pour que les agriculteurs se dégagent un salaire ;
  • la “concurrence déloyale” de l’Ukraine, qui, après mai 2022, n’a pas eu de restrictions de douane pour exporter ses produits au marché de l’Union ; 
  • une autre concurrence étrangère à venir suite à un nouveau traité européen qui pourrait permettre d’importer davantage de bœuf brésilien et argentin ;
  • la mise en jachère de 4% de la production agricole pour les grandes exploitations – demandée par la nouvelle PAC (politique agricole commune de l’UE) contre la perte de biodiversité dans les zones agricoles. 


Quelle est la réponse de Bruxelles ? 

Le 31 janvier la Commission a présenté deux mesures pour soulager les agriculteurs confrontés à la mise en place difficile de la nouvelle PAC

La première concerne les produits ukrainiens dans l’Union. Une clause de sauvegarde pourrait être mise en place impliquant des mesures correctives qui seraient prises rapidement dans l’éventualité d’effets défavorables pour les États membres à la suite de l’introduction des produits ukrainiens. Les pays voisins de l’Ukraine ont poussé pendant plusieurs semaines pour des mesures protégeant leurs agriculteurs. Cependant, selon la Commission, aucun impact négatif sur le marché de l’UE n’a encore été observé.

La deuxième mesure concerne ce qui devait être l’obligation de maintenir un 4% de jachères (la mise au repos d’une terre pour éviter l’épuisement du sol) pour les grandes exploitations. Un point de frustration extrêmement important pour les agriculteurs !

La Commission européenne a proposé pour l’année 2024 une « dérogation » partielle : les agriculteurs pourront quand même bénéficier des aides européennes même sans le 4 % de leurs terres en jachères, à condition, toutefois, qu’ils atteignent 7% de cultures intermédiaires ou fixatrices d’azote (lentilles, les pois, etc.) sans usage de produits phytosanitaires. 

Enfin, le 2 février dernier, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a annoncé que la Commission s’engagera pour réduire la charge administrative de la PAC et que l’Union défendra les intérêts des agriculteurs face à la concurrence étrangère. 



Image à la une : Copyright European Union 2024, source : European Commission audiovisual service

Sources :

SudOuest – Agriculteurs en colère : Italie, Allemagne, Suisse, Roumanie… Où en est la contestation en Europe ?

Capital – Manifestation des agriculteurs : pourquoi leur colère était-elle inévitable ?

Le Monde – Comment la colère des agriculteurs s’est étendue en Europe

Libération – Colère des agriculteurs : l’UE met des mesures sur la table, pas suffisantes pour les syndicats agricoles

Euractiv – Manifestations d’agriculteurs : la colère agricole s’invite dans les discussions des dirigeants de l’UE

La Tribune – La Pologne, la Slovaquie et la Hongrie s’écharpent avec l’Ukraine sur les importations de céréales

Toute l’Europe – La Commission européenne dévoile de premières mesures pour calmer la colère des agriculteurs